Lieu de tous les dangers et garant de notre équilibre vital, la relation mère-enfant est aux fondements même de l’histoire de chacun de nous. D’une complexité sans pareille, ce lien préfigure d’autres liens à venir, d’autres histoires d’amour, qui chercheront souvent à en retrouver le goût, fût-il amer, ou un peu âcre. Car ce qui s’imprime en nous, dès la conception, y restera gravé jusqu’à la fin de nous jours. De l’impression diffuse au schéma relationnel répétitif, tout s’amorce à l’instant précis où le bébé entre en contact avec celle qui le met au monde. Pourquoi ce lien a-t-il une aussi grande importance ? D’abord, parce que le bébé, au départ, ne fait qu’un avec sa mère. Elle seule peut assurer à son enfant une complète sécurité, le nourrir de ce dont il a besoin, ou, au contraire, le mettre en danger physiquement ou psychiquement en ne lui accordant pas de véritable attention bienveillante. Le pouvoir que cela confère à une femme est tel que cela provoque, nécessairement, des répercussions psychiques majeures et fait naître des enjeux dont elle n’a pas toujours conscience. En outre, en devenant mère, la femme acquiert une place qui bouleverse à la fois son propre équilibre et remet en jeu la totalité de ses dynamiques psychiques, en relation avec l’arbre généalogique dont elle est issue. Ainsi, c’est bien d’une métamorphose dont il est question, chaque fois que se tisse ce lien qui relie la mère à son enfant. (Lien auquel le père participe dès l’origine et dont il ne saurait être exclu sans dommages majeurs.)