Pourquoi il faut renoncer à la notion d´Anthropocène, qui renforce ce qu´elle prétend combattre.
Dans le discours scientifique et politique, la révolution industrielle s´est imposée comme le principal marqueur de l´entrée dans une nouvelle ère géologique, l´Anthropocène. Avec l´invention de la machine à vapeur et l´essor des énergies carbonées, l´Humanité serait devenue une force transformatrice de la Nature. Or que signifie au juste « Humanité » ? Et ce récit est-il aussi neutre qu´il le prétend ? Ces interrogations sont au cœur de la réflexion de l´historien Jason Moore. Bien que la réalité de la pollution, du changement climatique, de l´épuisement des ressources soit incontestable, la manière de raconter et les personnages que l´on choisit déterminent la compréhension des faits, donc les solutions que l´on proposera.
Le récit de l´Anthropocène définit déjà une orientation politique. Il présuppose une séparation problématique entre Homme et Nature, socle idéologique de la destruction généralisée que l´on nomme aujourd´hui « crise écologique », qui a justifié la conquête planétaire menée par les pays occidentaux et l´émergence du capitalisme. Dans ce cadre de pensée, tout ce qui relève de la Nature est dévalorisé, donc exploitable à l´envi. Ainsi, la notion d´Anthropocène s´appuie sur cela même qu´il faudrait mettre en cause. Parler de Capitalocène, à l´inverse, c´est souligner l´intégration de l´ensemble de l´humanité dans le « tissu de la vie », proposer une périodisation historique plus longue, identifier les causes profondes de la crise planétaire et se donner les moyens d´en sortir.
Jason W. Moore
Jason Moore est historien, professeur à l´université de Binghamton (États-Unis). Spécialiste d´histoire agraire et environnementale, il est notamment l´auteur du Capitalisme dans la toile de la vie (L´Asymétrie, 2020) et, avec Raj Patel, de Comment notre monde est devenu cheap. Une histoire inquiète de l´humanité (Flammarion, 2018).
Pourquoi il faut renoncer à la notion d´Anthropocène, qui renforce ce qu´elle prétend combattre.
Dans le discours scientifique et politique, la révolution industrielle s´est imposée comme le principal marqueur de l´entrée dans une nouvelle ère géologique, l´Anthropocène. Avec l´invention de la machine à vapeur et l´essor des énergies carbonées, l´Humanité serait devenue une force transformatrice de la Nature. Or que signifie au juste « Humanité » ? Et ce récit est-il aussi neutre qu´il le prétend ? Ces interrogations sont au cœur de la réflexion de l´historien Jason Moore. Bien que la réalité de la pollution, du changement climatique, de l´épuisement des ressources soit incontestable, la manière de raconter et les personnages que l´on choisit déterminent la compréhension des faits, donc les solutions que l´on proposera.
Le récit de l´Anthropocène définit déjà une orientation politique. Il présuppose une séparation problématique entre Homme et Nature, socle idéologique de la destruction généralisée que l´on nomme aujourd´hui « crise écologique », qui a justifié la conquête planétaire menée par les pays occidentaux et l´émergence du capitalisme. Dans ce cadre de pensée, tout ce qui relève de la Nature est dévalorisé, donc exploitable à l´envi. Ainsi, la notion d´Anthropocène s´appuie sur cela même qu´il faudrait mettre en cause. Parler de Capitalocène, à l´inverse, c´est souligner l´intégration de l´ensemble de l´humanité dans le « tissu de la vie », proposer une périodisation historique plus longue, identifier les causes profondes de la crise planétaire et se donner les moyens d´en sortir.
Jason W. Moore
Jason Moore est historien, professeur à l´université de Binghamton (États-Unis). Spécialiste d´histoire agraire et environnementale, il est notamment l´auteur du Capitalisme dans la toile de la vie (L´Asymétrie, 2020) et, avec Raj Patel, de Comment notre monde est devenu cheap. Une histoire inquiète de l´humanité (Flammarion, 2018).