Mahomet a reçu ses premières révélations durant les retraites qu’il faisait dans une caverne du mont Hira près de La Mecque (vers 610). Il est ainsi revendiqué par les soufis comme leur guide spirituel de même qu’ils se plaisent à reconnaître pour précurseurs certains de ses compagnons, comme son cousin Alî ou Abû Bakr.
Les premiers saints de l’islam s’apparentent par leur détachement, leur vocation érémitique et leur pauvreté volontaire, aux ascètes chrétiens de Syrie et d’Égypte. Ils ont posé les fondements éthiques et religieux du soufisme. Mais c’est entre le XIIe et le XIVe siècles de notre ère qu’apparaissent les principaux ordres religieux en pays d’islam, placés sous l’autorité de savants prédicateurs et de réformateurs charismatiques.
Tel est le cas de l’ école fondée par Kubrâ qui étendra son influence de la Perse en Turquie et aux Indes. Mort en 1221, Kubrâ a profondément renouvelé la tradition ésotérique du soufisme ancien, représentée par la fameuse école de Bagdad avec Jonayd et Hallâj (fin IXe s.) en méditant sur la transformation de l’âme dans son effort pour atteindre la paix et l’unité. La production théologique des maîtres kubrawis est considérable et s’étend sur plusieurs siècles.
C’est ce mouvement spirituel essentiel que vise à faire découvrir la série parue dans les Carnets spirituels sous le titre Écrits des Maîtres soufis. Le premier volume (2006) s’est concentré sur Kubrâ lui-même dont ont été donnés en traduction trois textes majeurs : les Dix Fondements de la vie spirituelle, la Missive au voyageur errant et le Port de la khirqa. Le deuxième volume (2008) a présenté Bagdadî (avec traduction de l’Épître du Voyage spirituel) et Semnânî (avec traduction de l’Épître du Dévoilement intérieur et du Traité de la Lumière divine). Ce troisième et dernier volume est consacré à trois auteurs très différents : Khotalânî (avec traduction de la voie parfaite des Solitaires), Nûrbakhsh (avec traduction des Récits de trois visions extatiques) et Kâshânî (avec traduction du court traité Qu’est-ce que la Réalité divine ?)
Khotalânî et Nûrbakhsh sont deux importants chefs de l’ordre Kubrawi qu’ils ont dirigé et transformé en Iran au début du XVe siècle (IXe de l’Hégire). Ils décrivent et interprètent le processus d’ascension vers la lumière et le dévoilement des théophanies dans un cadre cosmologique très élaboré. La montée vers la Présence divine exige de passer par le dépouillement intérieur jusqu’à l’abolition du pèlerin et son investiture par la Divinité. Les « visions extatiques » qu’interprète Nûrbakhsh sont un document ésotérique remarquable à cet égard, et à vrai dire unique en son genre. Elles débouchent sur une audacieuse théomorphose. Sa doctrine originale se situe entre le messianisme shiite et la théosophie d’Ibn Arabî (mort en 1140).
Le dernier texte présenté dans ce livre, un écrit philosophique de Kâshânî est le commentaire magistral d’un fameux Entretien initiatique du 1er Imâm Alî avec son disciple Komayl concernant le secret de la « Réalité divine ».
Ces trois documents se complètent parfaitement : tous trois visent la réalisation de soi par les ressources de la pédagogie mystique et insistent sur la connaissance unitive découlant de l’expérience des théophanies dont l’Homme parfait est le miroir. La perspective soufie de la « déification spirituelle » s’impose donc comme le thème générique de l’enseignement étudié et exposé dans ces pages. Des comparaisons sont proposées avec d’autres courants parallèles, avec la gnose chrétienne, le néoplatonisme et la tradition hermétique.
Mahomet a reçu ses premières révélations durant les retraites qu’il faisait dans une caverne du mont Hira près de La Mecque (vers 610). Il est ainsi revendiqué par les soufis comme leur guide spirituel de même qu’ils se plaisent à reconnaître pour précurseurs certains de ses compagnons, comme son cousin Alî ou Abû Bakr.
Les premiers saints de l’islam s’apparentent par leur détachement, leur vocation érémitique et leur pauvreté volontaire, aux ascètes chrétiens de Syrie et d’Égypte. Ils ont posé les fondements éthiques et religieux du soufisme. Mais c’est entre le XIIe et le XIVe siècles de notre ère qu’apparaissent les principaux ordres religieux en pays d’islam, placés sous l’autorité de savants prédicateurs et de réformateurs charismatiques.
Tel est le cas de l’ école fondée par Kubrâ qui étendra son influence de la Perse en Turquie et aux Indes. Mort en 1221, Kubrâ a profondément renouvelé la tradition ésotérique du soufisme ancien, représentée par la fameuse école de Bagdad avec Jonayd et Hallâj (fin IXe s.) en méditant sur la transformation de l’âme dans son effort pour atteindre la paix et l’unité. La production théologique des maîtres kubrawis est considérable et s’étend sur plusieurs siècles.
C’est ce mouvement spirituel essentiel que vise à faire découvrir la série parue dans les Carnets spirituels sous le titre Écrits des Maîtres soufis. Le premier volume (2006) s’est concentré sur Kubrâ lui-même dont ont été donnés en traduction trois textes majeurs : les Dix Fondements de la vie spirituelle, la Missive au voyageur errant et le Port de la khirqa. Le deuxième volume (2008) a présenté Bagdadî (avec traduction de l’Épître du Voyage spirituel) et Semnânî (avec traduction de l’Épître du Dévoilement intérieur et du Traité de la Lumière divine). Ce troisième et dernier volume est consacré à trois auteurs très différents : Khotalânî (avec traduction de la voie parfaite des Solitaires), Nûrbakhsh (avec traduction des Récits de trois visions extatiques) et Kâshânî (avec traduction du court traité Qu’est-ce que la Réalité divine ?)
Khotalânî et Nûrbakhsh sont deux importants chefs de l’ordre Kubrawi qu’ils ont dirigé et transformé en Iran au début du XVe siècle (IXe de l’Hégire). Ils décrivent et interprètent le processus d’ascension vers la lumière et le dévoilement des théophanies dans un cadre cosmologique très élaboré. La montée vers la Présence divine exige de passer par le dépouillement intérieur jusqu’à l’abolition du pèlerin et son investiture par la Divinité. Les « visions extatiques » qu’interprète Nûrbakhsh sont un document ésotérique remarquable à cet égard, et à vrai dire unique en son genre. Elles débouchent sur une audacieuse théomorphose. Sa doctrine originale se situe entre le messianisme shiite et la théosophie d’Ibn Arabî (mort en 1140).
Le dernier texte présenté dans ce livre, un écrit philosophique de Kâshânî est le commentaire magistral d’un fameux Entretien initiatique du 1er Imâm Alî avec son disciple Komayl concernant le secret de la « Réalité divine ».
Ces trois documents se complètent parfaitement : tous trois visent la réalisation de soi par les ressources de la pédagogie mystique et insistent sur la connaissance unitive découlant de l’expérience des théophanies dont l’Homme parfait est le miroir. La perspective soufie de la « déification spirituelle » s’impose donc comme le thème générique de l’enseignement étudié et exposé dans ces pages. Des comparaisons sont proposées avec d’autres courants parallèles, avec la gnose chrétienne, le néoplatonisme et la tradition hermétique.