William Blake (1757-1827) brille au firmament de la littérature universelle comme un astre énigmatique. Manieur de mots, il écrit des poèmes ; manier de burin, il grave des planches où les images servent d´écrin aux vers ; manieur de pinceau, il les enlumine à l´aquarelle. C´est ainsi qu´il compose en 1788 son premier grand recueil, les Chants d´Innocence : dans un style naïf et doux emprunté aux comptines et aux berceuses, il contemple avec attendrissement la petite enfance et s´émerveille de la présence du Dieu sauveur. Mais en 1794, selon la même technique, il grave des Chants d´Expérience qui, reprenant les Chants d´Innocence, en offrent la version noire et comme maudite : enfance maltraitée, Dieu méchant, monde déchu, universel esclavage. C´est qu´entre ces deux dates celui qui avait vu passer les anges s´en est allé visiter l´Enfer et, de retour, a composé, gravé et enluminé un long texte en prose, Le Mariage du Ciel et de l´Enfer, parodie sarcastique de Swedenborg, virulente charge contre les églises, les lois et les conventions morales, où il procède à une inversion des valeurs qui culmine dans des "Proverbes de l´Enfer" bien dignes de figurer dans une anthologie de l´humour noir. C´est ce texte, le plus célèbre du poète, qui a fait écrire à André Gide : "L´astre Blake étincelle dans cette reculée région du ciel où brille aussi l´astre Lautréamont."
William Blake (1757-1827) brille au firmament de la littérature universelle comme un astre énigmatique. Manieur de mots, il écrit des poèmes ; manier de burin, il grave des planches où les images servent d´écrin aux vers ; manieur de pinceau, il les enlumine à l´aquarelle. C´est ainsi qu´il compose en 1788 son premier grand recueil, les Chants d´Innocence : dans un style naïf et doux emprunté aux comptines et aux berceuses, il contemple avec attendrissement la petite enfance et s´émerveille de la présence du Dieu sauveur. Mais en 1794, selon la même technique, il grave des Chants d´Expérience qui, reprenant les Chants d´Innocence, en offrent la version noire et comme maudite : enfance maltraitée, Dieu méchant, monde déchu, universel esclavage. C´est qu´entre ces deux dates celui qui avait vu passer les anges s´en est allé visiter l´Enfer et, de retour, a composé, gravé et enluminé un long texte en prose, Le Mariage du Ciel et de l´Enfer, parodie sarcastique de Swedenborg, virulente charge contre les églises, les lois et les conventions morales, où il procède à une inversion des valeurs qui culmine dans des "Proverbes de l´Enfer" bien dignes de figurer dans une anthologie de l´humour noir. C´est ce texte, le plus célèbre du poète, qui a fait écrire à André Gide : "L´astre Blake étincelle dans cette reculée région du ciel où brille aussi l´astre Lautréamont."