Tant les historiens que les philosophes ont négligé la contribution de la franc-maçonnerie dans le développement de la modernité, alors que parmi les acteurs de l´histoire politique et culturelle, nombreux furent franc-maçons. Ce manque est dû aussi aux francs-maçons eux-même qui interprètent la naissance de la franc-maçonnerie spéculative par la transformation de la maçonnerie opérative. Or, les études depuis 1960 ont modifié cette démarche en tenant compte du contexte politico-religieux des conflits en Europe. L´auteur approfondit cette perspective et montre que la naissance de la franc-maçonnerie spéculative date, non pas de 1717, ni même de 1688 avec l´exil de Jacques II en France après la Glorieuse Révolution, mais des années 1603 lorsque Jacques I, initié maçon, est devenu roi d´Écosse et d´Angleterre dans un contexte de promotion de la littérature, des arts, de l´architecture et des sciences qui inauguraient les Lumières anglo-écossaises. La franc-maçonnerie spéculative promut l´idée qu´il fallait dépasser les conflits en excédant les habitudes passées au profit de nouvelles attitudes morales, animées par le rapprochement de personnes ayant des métiers, opinions et des croyances différentes. Elle s´exprima par une méthode de travail, accompagnée de rites et de divertissements, origine des rituels et des banquets maçonniques. Inspirée par la figure de Salomon, symbole de justice, et l´édification du Temple de l´humanité (symbole des métiers de construction), cette méthode, fondée sur l´initiation et le secret, s´écarta de la pratique des sacrements et de la liturgie ecclésiastique. Elle eut des destinées variées à cause de la réalité géo-politique et religieuse troublée en Europe et en Amérique qui favorisa certes son expansion par d´innombrables bifurcations, mais qui alimenta aussi un antimaçonnisme permanent à partir de 1738. C´est cette complexité contextuelle que ce livre s´efforce d´élucider pour faire voir que l´idéal maçonnique d´un « Centre d´Union » inscrit dans les Constitutions d´Anderson (1723), se heurte encore à la perpétuation des anciennes habitudes conflictuelles, en dépit de l´apport de la franc-maçonnerie en faveur de la liberté, de l´égalité et des valeurs de progrès et de philanthropie.
Tant les historiens que les philosophes ont négligé la contribution de la franc-maçonnerie dans le développement de la modernité, alors que parmi les acteurs de l´histoire politique et culturelle, nombreux furent franc-maçons. Ce manque est dû aussi aux francs-maçons eux-même qui interprètent la naissance de la franc-maçonnerie spéculative par la transformation de la maçonnerie opérative. Or, les études depuis 1960 ont modifié cette démarche en tenant compte du contexte politico-religieux des conflits en Europe. L´auteur approfondit cette perspective et montre que la naissance de la franc-maçonnerie spéculative date, non pas de 1717, ni même de 1688 avec l´exil de Jacques II en France après la Glorieuse Révolution, mais des années 1603 lorsque Jacques I, initié maçon, est devenu roi d´Écosse et d´Angleterre dans un contexte de promotion de la littérature, des arts, de l´architecture et des sciences qui inauguraient les Lumières anglo-écossaises. La franc-maçonnerie spéculative promut l´idée qu´il fallait dépasser les conflits en excédant les habitudes passées au profit de nouvelles attitudes morales, animées par le rapprochement de personnes ayant des métiers, opinions et des croyances différentes. Elle s´exprima par une méthode de travail, accompagnée de rites et de divertissements, origine des rituels et des banquets maçonniques. Inspirée par la figure de Salomon, symbole de justice, et l´édification du Temple de l´humanité (symbole des métiers de construction), cette méthode, fondée sur l´initiation et le secret, s´écarta de la pratique des sacrements et de la liturgie ecclésiastique. Elle eut des destinées variées à cause de la réalité géo-politique et religieuse troublée en Europe et en Amérique qui favorisa certes son expansion par d´innombrables bifurcations, mais qui alimenta aussi un antimaçonnisme permanent à partir de 1738. C´est cette complexité contextuelle que ce livre s´efforce d´élucider pour faire voir que l´idéal maçonnique d´un « Centre d´Union » inscrit dans les Constitutions d´Anderson (1723), se heurte encore à la perpétuation des anciennes habitudes conflictuelles, en dépit de l´apport de la franc-maçonnerie en faveur de la liberté, de l´égalité et des valeurs de progrès et de philanthropie.