
		Un jour de novembre 1970, Yukio Mishima, à peine âgé de quarante-cinq  ans, se donnait la mort selon le rituel samouraï au quartier général des  forces japonaises.
Ce geste, qui bouleversa les Japonais et étonna  le monde entier, donnait toute sa portée tragique à une existence qui  s´était voulue résolument "anachronique". Trois ans plus tôt, Mishima  avait livré l´une des clefs essentielles à la compréhension de ses choix  de vie en publiant un essai consacré au Hagakuré, ouvrage composé au  XVIIIe siècle par un samouraï retiré du monde pour méditer sur la "Voie  du samouraï".
Le Hagakuré, livre maudit du Japon de l´après-guerre,  est pour Mishima l´œuvre qui a donné un sens à sa vie, et son auteur,  Jôchô Yamamoto, est une sorte de frère d´armes spirituel. À plus de deux  siècles de distance, ce qui unit ces deux esprits, c´est d´abord une  philosophie de la vie comme déploiement de l´énergie intime de  l´individu et, plus encore peut-être, une philosophie de la mort : "La  Voie du samouraï, c´est la mort." Mais c´est aussi et surtout une  commune protestation contre leur époque. La critique acerbe et souvent  truculente que Jôchô adresse au Japon pacifique et prospère des  Tokugawa, Mishima la fait sienne et l´applique, trait pour trait, au  Japon pacifique et prospère de la seconde moitié du XXe siècle. Ce livre  fait entendre ensemble par-delà l´histoire deux voix profondément  pessimistes qui exaltent avec la même ardeur désespérée "l´utopie"  éthique des samouraïs.

Un jour de novembre 1970, Yukio Mishima, à peine âgé de quarante-cinq  ans, se donnait la mort selon le rituel samouraï au quartier général des  forces japonaises.
Ce geste, qui bouleversa les Japonais et étonna  le monde entier, donnait toute sa portée tragique à une existence qui  s´était voulue résolument "anachronique". Trois ans plus tôt, Mishima  avait livré l´une des clefs essentielles à la compréhension de ses choix  de vie en publiant un essai consacré au Hagakuré, ouvrage composé au  XVIIIe siècle par un samouraï retiré du monde pour méditer sur la "Voie  du samouraï".
Le Hagakuré, livre maudit du Japon de l´après-guerre,  est pour Mishima l´œuvre qui a donné un sens à sa vie, et son auteur,  Jôchô Yamamoto, est une sorte de frère d´armes spirituel. À plus de deux  siècles de distance, ce qui unit ces deux esprits, c´est d´abord une  philosophie de la vie comme déploiement de l´énergie intime de  l´individu et, plus encore peut-être, une philosophie de la mort : "La  Voie du samouraï, c´est la mort." Mais c´est aussi et surtout une  commune protestation contre leur époque. La critique acerbe et souvent  truculente que Jôchô adresse au Japon pacifique et prospère des  Tokugawa, Mishima la fait sienne et l´applique, trait pour trait, au  Japon pacifique et prospère de la seconde moitié du XXe siècle. Ce livre  fait entendre ensemble par-delà l´histoire deux voix profondément  pessimistes qui exaltent avec la même ardeur désespérée "l´utopie"  éthique des samouraïs.
