Nichiren (1222-1282), figure majeure du bouddhisme de l’époque de Kamakura, a laissé un enseignement qui a largement essaimé au Japon et est aujourd’hui pratiqué sur les cinq continents. Si on peut le résumer dans une formule assez simple: l’invocation de Namu (ou Nam)myoho-renge-kyo devant le mandala qui dépeint l’ « Assemblée dans les airs» du Sûtra du Lotus, une interprétation plus profonde de la pensée de Nichiren peut révéler des « polyvalences », à la lumière de ce que Mircea Eliade décrivait comme des manifestations de la notion de coincidentia oppositorum. Par exemple, le Bouddha revêt une dimension transcendante, réside au Pic de l’Aigle, sur sa terre de Bouddha, et il est aussi immanent à ce monde, car ce dernier est potentiellement une terre de Bouddha. L’Éveil peut être atteint sur ce même Pic de l’Aigle, après la mort seulement, mais Nichiren enseigne aussi qu’il est possible de l’atteindre en cette vie. Nul doute que ces « polyvalences », qui parcourent l’important corpus qu’il nous a légué, ont pu désorienter ses disciples et successeurs et alimenter les querelles doctrinales et les interprétations au sein d’une école naissante. Parce qu’il a favorisé l’émergence de nouveaux courants et lignées, le débat qui s’est amorcé au début du XIV siècle (mais qui prend ses racines dans les enseignements du Tendai), et qui porte sur les deux parties du Sûtra du Lotus (honjaku ron) - dites vestigielle (les quatorze premiers chapitres du sûtra) et originelle (les quatorze derniers) - est fondateur dans l’histoire de l’école Nichiren.
Nichiren (1222-1282), figure majeure du bouddhisme de l’époque de Kamakura, a laissé un enseignement qui a largement essaimé au Japon et est aujourd’hui pratiqué sur les cinq continents. Si on peut le résumer dans une formule assez simple: l’invocation de Namu (ou Nam)myoho-renge-kyo devant le mandala qui dépeint l’ « Assemblée dans les airs» du Sûtra du Lotus, une interprétation plus profonde de la pensée de Nichiren peut révéler des « polyvalences », à la lumière de ce que Mircea Eliade décrivait comme des manifestations de la notion de coincidentia oppositorum. Par exemple, le Bouddha revêt une dimension transcendante, réside au Pic de l’Aigle, sur sa terre de Bouddha, et il est aussi immanent à ce monde, car ce dernier est potentiellement une terre de Bouddha. L’Éveil peut être atteint sur ce même Pic de l’Aigle, après la mort seulement, mais Nichiren enseigne aussi qu’il est possible de l’atteindre en cette vie. Nul doute que ces « polyvalences », qui parcourent l’important corpus qu’il nous a légué, ont pu désorienter ses disciples et successeurs et alimenter les querelles doctrinales et les interprétations au sein d’une école naissante. Parce qu’il a favorisé l’émergence de nouveaux courants et lignées, le débat qui s’est amorcé au début du XIV siècle (mais qui prend ses racines dans les enseignements du Tendai), et qui porte sur les deux parties du Sûtra du Lotus (honjaku ron) - dites vestigielle (les quatorze premiers chapitres du sûtra) et originelle (les quatorze derniers) - est fondateur dans l’histoire de l’école Nichiren.