
		Démocrite fut dans la Grèce antique un philosophe matérialiste  fêté, qui parcourut le monde. Lors de son périple jusqu’en Inde, il a  constaté la vilenie des hommes, à la suite de quoi il fit construire une  petite cabane au fond de son jardin pour y finir en sage le restant de  ses jours. Je nomme tentation de Démocrite et recours aux forêts ce mouvement de repli sur son âme dans un monde détestable.
 Le monde d’avant-hier, c’est celui d’aujourd’hui, ce sera aussi celui  de demain : les intrigues politiques, les calamités de la guerre, les  jeux de pouvoir, la stratégie cynique des puissants, l’enchaînement des  trahisons, la complicité de la plupart des philosophes, les gens de Dieu  qui se révèlent gens du Diable, la mécanique des passions tristes –  envie, jalousie, haine, ressentiment… –, le triomphe de l’injustice, le  règne de la critique médiocre, la domination des renégats, le sang, les  crimes, le meurtre…
 Le repli sur son âme consiste à retrouver le  sens de la terre, autrement dit, se réconcilier avec l’essentiel : le  mouvement des astres, la logique de la course des planètes, la  coïncidence avec les éléments, le rythme des saisons qui apprennent à  bien mourir, l’inscription de son destin dans la nécessité de la nature.
 Fatigué des misères de ce temps qui sont les ancestrales souffrances du  monde, il faut planter un chêne, le regarder pousser, débiter ses  planches, les voir sécher et s’en faire un cercueil dans lequel on ira  prendre sa place dans la terre, c’est-à-dire dans le cosmos.

Démocrite fut dans la Grèce antique un philosophe matérialiste  fêté, qui parcourut le monde. Lors de son périple jusqu’en Inde, il a  constaté la vilenie des hommes, à la suite de quoi il fit construire une  petite cabane au fond de son jardin pour y finir en sage le restant de  ses jours. Je nomme tentation de Démocrite et recours aux forêts ce mouvement de repli sur son âme dans un monde détestable.
 Le monde d’avant-hier, c’est celui d’aujourd’hui, ce sera aussi celui  de demain : les intrigues politiques, les calamités de la guerre, les  jeux de pouvoir, la stratégie cynique des puissants, l’enchaînement des  trahisons, la complicité de la plupart des philosophes, les gens de Dieu  qui se révèlent gens du Diable, la mécanique des passions tristes –  envie, jalousie, haine, ressentiment… –, le triomphe de l’injustice, le  règne de la critique médiocre, la domination des renégats, le sang, les  crimes, le meurtre…
 Le repli sur son âme consiste à retrouver le  sens de la terre, autrement dit, se réconcilier avec l’essentiel : le  mouvement des astres, la logique de la course des planètes, la  coïncidence avec les éléments, le rythme des saisons qui apprennent à  bien mourir, l’inscription de son destin dans la nécessité de la nature.
 Fatigué des misères de ce temps qui sont les ancestrales souffrances du  monde, il faut planter un chêne, le regarder pousser, débiter ses  planches, les voir sécher et s’en faire un cercueil dans lequel on ira  prendre sa place dans la terre, c’est-à-dire dans le cosmos.
