Les éditions Arfuyen se sont attachées depuis de longues années à faire apparaître la place centrale au sein de l’oeuvre de Rilke de sa relation avec le christianisme. Relation constante, fécondante, depuis les écrits de jeunesse (Le Livre de la Vie monastique, Le Livre de la Pauvreté et de la Mort) jusqu’aux textes de maturité, mais aussi relation de répulsion et de révolte. Une série de livres publiés en édition bilingues par Arfuyen témoigne de ce dialogue complexe et passionnant à travers cette figure et cette oeuvre exemplaire : l’Amour de Madeleine, La Vie de Marie, Le Livre de la Pauvreté et de la Mort, Le Vent du Retour. Le présent ouvrage s’inscrit dans le droit fil de cette recherche. Il en livre des documents essentiels et inédits, qui modifient profondément la compréhension de l’entreprise rilkéenne. Il éclaire en particulier le rôle essentiel de Verhaeren dans la maturation de Rilke et révèle pleinement la force de la Lettre du jeune travailleur, texte majeur et méconnu de Rilke, ici traduit pour la première fois dans sa véritable signification de mémorial d’une longue et fervente admiration pour celui qui en est désigné comme le destinataire posthume : « Monsieur V. », Verhaeren. Rilke rencontre Verhaeren pour la première fois en novembre 1905, à Saint-Cloud, alors qu’il est encore pour quelques mois le secrétaire de Rodin à Meudon. Rilke, encore presque inconnu, approche la trentaine. Verhaeren, âgé de 50 ans, est au faîte de son oeuvre et jouit d’un immense prestige dans l’Europe entière. Dès la première rencontre, Rilke se sent « de bonnes affinités silencieuses » avec Verhaeren. Les années ne feront que renforcer ce premier sentiment, et hisseront le poète belge à la hauteur d’un « merveilleux et puissant ami ». A Stefan Zweig, qui écrit un livre sur Verhaeren, Rilke déclare en 1907 : « On n’exagère jamais lorsque, pour parler de Verhaeren, on reporte tel quel sur son oeuvre tout l’amour qu’on éprouve pour son être. » Si Verhaeren, par sa nature, arrive à forcer la porte de l’univers, il n’en est pas de même pour Rilke qui doit attendre patiemment, douloureusement, qu’elle s’ouvre à lui. « Chemin lent et solitaire », comme il l’écrit dans l’une des lettres au poète belge, rédigées en français. Lorsque Verhaeren meurt le 27 novembre 1916 en gare de Rouen, les jambes broyées, Rilke écrit : « C’était l’ami qui avait et me communiquait la plus grande force. » Six ans plus tard, alors qu’il écrit les Elégies de Duino, Rilke s’interrompt pour rédiger La Lettre du jeune travailleur, adressée à un poète, « Monsieur V. ». Texte unique, enflammé, qui se conclut par cet hommage vibrant : « Mon ami me dit un jour : ‘‘Donnez-nous des maîtres qui célèbrent l’Ici-Bas’’. Vous êtes un tel maître. »
Les éditions Arfuyen se sont attachées depuis de longues années à faire apparaître la place centrale au sein de l’oeuvre de Rilke de sa relation avec le christianisme. Relation constante, fécondante, depuis les écrits de jeunesse (Le Livre de la Vie monastique, Le Livre de la Pauvreté et de la Mort) jusqu’aux textes de maturité, mais aussi relation de répulsion et de révolte. Une série de livres publiés en édition bilingues par Arfuyen témoigne de ce dialogue complexe et passionnant à travers cette figure et cette oeuvre exemplaire : l’Amour de Madeleine, La Vie de Marie, Le Livre de la Pauvreté et de la Mort, Le Vent du Retour. Le présent ouvrage s’inscrit dans le droit fil de cette recherche. Il en livre des documents essentiels et inédits, qui modifient profondément la compréhension de l’entreprise rilkéenne. Il éclaire en particulier le rôle essentiel de Verhaeren dans la maturation de Rilke et révèle pleinement la force de la Lettre du jeune travailleur, texte majeur et méconnu de Rilke, ici traduit pour la première fois dans sa véritable signification de mémorial d’une longue et fervente admiration pour celui qui en est désigné comme le destinataire posthume : « Monsieur V. », Verhaeren. Rilke rencontre Verhaeren pour la première fois en novembre 1905, à Saint-Cloud, alors qu’il est encore pour quelques mois le secrétaire de Rodin à Meudon. Rilke, encore presque inconnu, approche la trentaine. Verhaeren, âgé de 50 ans, est au faîte de son oeuvre et jouit d’un immense prestige dans l’Europe entière. Dès la première rencontre, Rilke se sent « de bonnes affinités silencieuses » avec Verhaeren. Les années ne feront que renforcer ce premier sentiment, et hisseront le poète belge à la hauteur d’un « merveilleux et puissant ami ». A Stefan Zweig, qui écrit un livre sur Verhaeren, Rilke déclare en 1907 : « On n’exagère jamais lorsque, pour parler de Verhaeren, on reporte tel quel sur son oeuvre tout l’amour qu’on éprouve pour son être. » Si Verhaeren, par sa nature, arrive à forcer la porte de l’univers, il n’en est pas de même pour Rilke qui doit attendre patiemment, douloureusement, qu’elle s’ouvre à lui. « Chemin lent et solitaire », comme il l’écrit dans l’une des lettres au poète belge, rédigées en français. Lorsque Verhaeren meurt le 27 novembre 1916 en gare de Rouen, les jambes broyées, Rilke écrit : « C’était l’ami qui avait et me communiquait la plus grande force. » Six ans plus tard, alors qu’il écrit les Elégies de Duino, Rilke s’interrompt pour rédiger La Lettre du jeune travailleur, adressée à un poète, « Monsieur V. ». Texte unique, enflammé, qui se conclut par cet hommage vibrant : « Mon ami me dit un jour : ‘‘Donnez-nous des maîtres qui célèbrent l’Ici-Bas’’. Vous êtes un tel maître. »