
		 En février 1890, au moment où Maeterlinck lit Novalis, paraît dans la revue L’Art moderne un texte qu’il faut lire comme une vraie profession de foi esthétique. Il s’intitule "Confession du poète" :
      "Je me sens attiré avant tout par les gestes inconscients de  l’être, qui passent leurs mains lumineuses à travers les créneaux de  cette enceinte d’artifice où nous sommes enfermés. Je voudrais étudier  tout ce qui est informulé dans une existence, tout ce qui n’a pas  d’expression dans la mort et dans la vie, tout ce qui cherche une voix  dans un cœur. Je voudrais me pencher sur l’instinct, en son sens de  lumière, sur les pressentiments, sur les facultés et les notions  inexpliquées, négligées ou éteintes, sur les mobiles irraisonnés, sur  les merveilles de la mort, sur les mystères du sommeil, où malgré la  trop puissante influence des souvenirs diurnes, il nous est donné  d’entrevoir, par moments, une lueur de l’être énigmatique, réel et  primitif ; sur toutes les puissances inconnues de notre âme ; sur tous  les moments où l’homme échappe à sa propre garde ; sur tous les secrets  de l’enfance, si étrangement spiritualiste avec sa croyance au  surnaturel, et si inquiétante avec ses rêves de terreur spontanée, comme  si réellement nous venions d’une source d’épouvante."

 En février 1890, au moment où Maeterlinck lit Novalis, paraît dans la revue L’Art moderne un texte qu’il faut lire comme une vraie profession de foi esthétique. Il s’intitule "Confession du poète" :
      "Je me sens attiré avant tout par les gestes inconscients de  l’être, qui passent leurs mains lumineuses à travers les créneaux de  cette enceinte d’artifice où nous sommes enfermés. Je voudrais étudier  tout ce qui est informulé dans une existence, tout ce qui n’a pas  d’expression dans la mort et dans la vie, tout ce qui cherche une voix  dans un cœur. Je voudrais me pencher sur l’instinct, en son sens de  lumière, sur les pressentiments, sur les facultés et les notions  inexpliquées, négligées ou éteintes, sur les mobiles irraisonnés, sur  les merveilles de la mort, sur les mystères du sommeil, où malgré la  trop puissante influence des souvenirs diurnes, il nous est donné  d’entrevoir, par moments, une lueur de l’être énigmatique, réel et  primitif ; sur toutes les puissances inconnues de notre âme ; sur tous  les moments où l’homme échappe à sa propre garde ; sur tous les secrets  de l’enfance, si étrangement spiritualiste avec sa croyance au  surnaturel, et si inquiétante avec ses rêves de terreur spontanée, comme  si réellement nous venions d’une source d’épouvante."
