Lorsqu´on aborde l´étude de l´art roman, on oublie souvent deux composantes essentielles de cet art. D´abord que sa vocation est d´être au moins une pédagogie, au plus un enseignement et qu´il est destiné à remplacer sur la pierre ce que les ouvrages savants contiennent, en permettant au peuple des fidèles, illettré à quatre-vingt-dix pour cent, d´accéder aux messages que l´Eglise souhaite lui donner. Ensuite, que cet enseignement possède une dimension religieuse et spirituelle. Il permet à ce même peuple de s´interroger sur sa vie, de soigner ses misères, d´affronter les grandes questions qui agitent la société et le monde pour pouvoir y faire face et essayer, sinon d´accéder au Paradis, au moins à éviter l´Enfer. Il contient donc à la base cette dimension spirituelle que beaucoup de scientifiques ont parfois tendance à ignorer et qui va s´opérer essentiellement par le symbole. Donc ce dernier dans l´art roman, n´est pas une simple donnée illustrative comme pour d´autres arts, mais va prendre une dimension cathartique d´étonnement, de frayeur, de remise en question pour que tout amendement puisse devenir possible. L´essentiel de l´art roman est là : on ne peut rendre compte de ses réalisations uniquement par une étude, si précise soit-elle, des circonstances historiques et anecdotiques matérielles qui ont permis son élaboration mais, si on veut l´expliquer, on doit passer obligatoirement par la genèse de l´ histoire religieuse, des dogmes et des grands mystères qui ont façonné l´Eglise et les hommes du Moyen Âge chrétien.
Un autre aspect de cet art réside, comme pour l´enseignement donné par Platon dans le jardin d´Académos, dans son double niveau de compréhension : le niveau ésotérique, pour les disciples, et le niveau exotérique pour le public extérieur. On a cru trop souvent que, pour en rendre compte, il suffisait de l´ enfermer dans la carcan de l´enseignement officiel des Pères de l´Eglise. Or on constate que cet art délaisse à maintes reprises non seulement l´héritage traditionnel de l´Ancien et du Nouveau Testament, tel que rendu par l´orthodoxie religieuse mais aussi l´héritage gréco-latin, pour puiser ses sources dans des cultures ou traditions antérieures ou parallèles au christianisme qui ont perduré longtemps dans les campagnes et parfois sans tenir compte des anathèmes politico-religieux qui ont sévi à partir du moment où la religion chrétienne devînt religion d´Etat. Ce qui peut expliquer la liberté étonnante d´expression que l´on trouve sur certains chapiteaux des premières églises romanes.
Si nous voulons cesser d´être de simples touristes devant ces merveilles qui continuent à garder leur mystère, il nous faut humblement abandonner nos clichés et schémas intellectuels habituels et entrer, comme tout pèlerin, par la porte du nord, pour éprouver la voie du cheminement vers la lumière, celle qui nous mènera à un véritable et indispensable retournement. C´est ce même retournement qui nous permettra d´aller revisiter nos mythes.
Lorsqu´on aborde l´étude de l´art roman, on oublie souvent deux composantes essentielles de cet art. D´abord que sa vocation est d´être au moins une pédagogie, au plus un enseignement et qu´il est destiné à remplacer sur la pierre ce que les ouvrages savants contiennent, en permettant au peuple des fidèles, illettré à quatre-vingt-dix pour cent, d´accéder aux messages que l´Eglise souhaite lui donner. Ensuite, que cet enseignement possède une dimension religieuse et spirituelle. Il permet à ce même peuple de s´interroger sur sa vie, de soigner ses misères, d´affronter les grandes questions qui agitent la société et le monde pour pouvoir y faire face et essayer, sinon d´accéder au Paradis, au moins à éviter l´Enfer. Il contient donc à la base cette dimension spirituelle que beaucoup de scientifiques ont parfois tendance à ignorer et qui va s´opérer essentiellement par le symbole. Donc ce dernier dans l´art roman, n´est pas une simple donnée illustrative comme pour d´autres arts, mais va prendre une dimension cathartique d´étonnement, de frayeur, de remise en question pour que tout amendement puisse devenir possible. L´essentiel de l´art roman est là : on ne peut rendre compte de ses réalisations uniquement par une étude, si précise soit-elle, des circonstances historiques et anecdotiques matérielles qui ont permis son élaboration mais, si on veut l´expliquer, on doit passer obligatoirement par la genèse de l´ histoire religieuse, des dogmes et des grands mystères qui ont façonné l´Eglise et les hommes du Moyen Âge chrétien.
Un autre aspect de cet art réside, comme pour l´enseignement donné par Platon dans le jardin d´Académos, dans son double niveau de compréhension : le niveau ésotérique, pour les disciples, et le niveau exotérique pour le public extérieur. On a cru trop souvent que, pour en rendre compte, il suffisait de l´ enfermer dans la carcan de l´enseignement officiel des Pères de l´Eglise. Or on constate que cet art délaisse à maintes reprises non seulement l´héritage traditionnel de l´Ancien et du Nouveau Testament, tel que rendu par l´orthodoxie religieuse mais aussi l´héritage gréco-latin, pour puiser ses sources dans des cultures ou traditions antérieures ou parallèles au christianisme qui ont perduré longtemps dans les campagnes et parfois sans tenir compte des anathèmes politico-religieux qui ont sévi à partir du moment où la religion chrétienne devînt religion d´Etat. Ce qui peut expliquer la liberté étonnante d´expression que l´on trouve sur certains chapiteaux des premières églises romanes.
Si nous voulons cesser d´être de simples touristes devant ces merveilles qui continuent à garder leur mystère, il nous faut humblement abandonner nos clichés et schémas intellectuels habituels et entrer, comme tout pèlerin, par la porte du nord, pour éprouver la voie du cheminement vers la lumière, celle qui nous mènera à un véritable et indispensable retournement. C´est ce même retournement qui nous permettra d´aller revisiter nos mythes.