« Comment est-il possible que discours philosophique et discours spirituel se laissent immédiatement connaître comme différents, alors qu´il parlent, en fin de compte, de la même chose exactement ? Comment est-il possible, si cette connaissance est objet de certitude immédiate, qu´une oeuvre spirituelle se laisse pourtant traiter comme une oeuvre philosophique, et exposer selon l´ordre des raisons ? L´hypothèse sera qu´il faut nouer ces deux constatations contraires. Que si l´on plie les théorèmes d´une pensée spirituelle aux exigences de la systématisation, on fera apparaître la raison pourquoi elle ne peut se fermer en système, ne relève pas de la philosophie - bref, le point de fracture entre l´une et l´autre. Cette fracture, il a paru possible de la situer entre deux modes de la subjectivation, entre deux modes d´opération de l´Autre. On éprouvera la thèse sur une Père syrien de la fin du Ve siècle, Philoxène de Mabboug : on voudrait ainsi contribuer à introduire, dans la philosophie, un certain type de textes dont la prise en compte pourrait modifier profondément les perspectives de son histoire. »
Guy Lardreau (1947-2008), professeur de philosophie en khâgne, fut un théoricien du « maoïsme à la française », célèbre dans les années soixante-dix pour les ouvrages L´Ange et Le Monde, co-écrits avec Christian Jambet et considérés comme fondateurs de la « nouvelle philosophie ». À partir des années quatre-vingt, il s´oriente vers l´étude de la patristique et l´érudition. Publié pour la première fois en 1985, Discours philosophique et discours spirituel constitue, avec La Véracité (1993), son œuvre majeure.
« Comment est-il possible que discours philosophique et discours spirituel se laissent immédiatement connaître comme différents, alors qu´il parlent, en fin de compte, de la même chose exactement ? Comment est-il possible, si cette connaissance est objet de certitude immédiate, qu´une oeuvre spirituelle se laisse pourtant traiter comme une oeuvre philosophique, et exposer selon l´ordre des raisons ? L´hypothèse sera qu´il faut nouer ces deux constatations contraires. Que si l´on plie les théorèmes d´une pensée spirituelle aux exigences de la systématisation, on fera apparaître la raison pourquoi elle ne peut se fermer en système, ne relève pas de la philosophie - bref, le point de fracture entre l´une et l´autre. Cette fracture, il a paru possible de la situer entre deux modes de la subjectivation, entre deux modes d´opération de l´Autre. On éprouvera la thèse sur une Père syrien de la fin du Ve siècle, Philoxène de Mabboug : on voudrait ainsi contribuer à introduire, dans la philosophie, un certain type de textes dont la prise en compte pourrait modifier profondément les perspectives de son histoire. »
Guy Lardreau (1947-2008), professeur de philosophie en khâgne, fut un théoricien du « maoïsme à la française », célèbre dans les années soixante-dix pour les ouvrages L´Ange et Le Monde, co-écrits avec Christian Jambet et considérés comme fondateurs de la « nouvelle philosophie ». À partir des années quatre-vingt, il s´oriente vers l´étude de la patristique et l´érudition. Publié pour la première fois en 1985, Discours philosophique et discours spirituel constitue, avec La Véracité (1993), son œuvre majeure.