Brusquement, en moins de dix ans, entre 1290 et 1300, la dévotion à la Vierge Marie a pris un tour nouveau en Occident. Traditionnellement attribuée à Duns Scot (1268-1308), la formulation du dogme nouveau de l´Immaculée Conception de Marie, vers 1298, aurait été, selon Alain Boureau, préparée dès 1292, par Henri de Gand. Le présent livre insère entre ces deux moments l’évocation du miracle de Notre-Dame de Lorette et du transport surnaturel de la maison de la Vierge de Palestine en Occident, que l’on trouverait dans les Quodlibeta du franciscain Richard de Mediavilla (1249-1308). Ce dernier aurait raisonné sur ce miracle marial, daté des années 1290 par les premiers récits de la fin du XVe siècle. Cette allusion impliquait de rajeunir de dix ans le recueil quodlibétique qui évoquait indirectement le miracle.
La rectification des dates d’activité de Mediavilla modifie la portée de son œuvre : il devient l’un des pionniers du grand tournant de la pensée qui apparaît chez Duns Scot et chez Ockham (1285-1347). Cette rectification correspond de près à un contenu nouveau. Bien des concepts de Duns Scot s’éclairent par la lecture des tentatives tâtonnantes de Richard. À côté d’un aspect pré-scotiste, le texte offre des jalons originaux en direction du nominalisme et d’un certain matérialisme. Un des bénéfices d’une meilleure connaissance des textes de Mediavilla serait de combler un vide de l’histoire de la pensée et de rompre avec l’image intimidante de certains penseurs, isolés dans leur découverte soudaine.
Alain Boureau, directeur d´études à l’É.H.E.S.S., est médiéviste. Il dirige avec Michel Desgranges la collection Histoire.
Brusquement, en moins de dix ans, entre 1290 et 1300, la dévotion à la Vierge Marie a pris un tour nouveau en Occident. Traditionnellement attribuée à Duns Scot (1268-1308), la formulation du dogme nouveau de l´Immaculée Conception de Marie, vers 1298, aurait été, selon Alain Boureau, préparée dès 1292, par Henri de Gand. Le présent livre insère entre ces deux moments l’évocation du miracle de Notre-Dame de Lorette et du transport surnaturel de la maison de la Vierge de Palestine en Occident, que l’on trouverait dans les Quodlibeta du franciscain Richard de Mediavilla (1249-1308). Ce dernier aurait raisonné sur ce miracle marial, daté des années 1290 par les premiers récits de la fin du XVe siècle. Cette allusion impliquait de rajeunir de dix ans le recueil quodlibétique qui évoquait indirectement le miracle.
La rectification des dates d’activité de Mediavilla modifie la portée de son œuvre : il devient l’un des pionniers du grand tournant de la pensée qui apparaît chez Duns Scot et chez Ockham (1285-1347). Cette rectification correspond de près à un contenu nouveau. Bien des concepts de Duns Scot s’éclairent par la lecture des tentatives tâtonnantes de Richard. À côté d’un aspect pré-scotiste, le texte offre des jalons originaux en direction du nominalisme et d’un certain matérialisme. Un des bénéfices d’une meilleure connaissance des textes de Mediavilla serait de combler un vide de l’histoire de la pensée et de rompre avec l’image intimidante de certains penseurs, isolés dans leur découverte soudaine.
Alain Boureau, directeur d´études à l’É.H.E.S.S., est médiéviste. Il dirige avec Michel Desgranges la collection Histoire.