"Pourquoi publier deux manuscrits alchimiques du XIXe siècle ? On en verrait mieux l´intérêt historique s´il s´agissait de documents datant du XVIe ou du XVIIe siècle, une époque qui représente, en Occident, l´apogée des écrits alchimiques. On sait que les alchimistes opératifs, au XXe siècle, ne sont pas légion. Ce que l´on sait moins, c´est que l´alchimie opérative était encore pratiquée assidûment au XIXe siècle dans certains milieux, notamment dans les cercles ésotériques, rosicruciens et maçonniques, et sans doute davantage dans les pays de langue allemande qu´en France.
Il n´est donc pas sans intérêt, tant s´en faut, de faire connaître des inédits alchimiques du siècle dernier, ne serait-ce que parce qu´ils sont plus rares que dans les siècles précédents. Ensuite, et surtout, parce qu´ils témoignent de la survivance d´une pratique «philosophique» qui fut en honneur durant des siècles avant que les penseurs modernes ne s´avisassent que la matière et l´esprit étaient deux pôles en opposition radicale. Très schématiquement résumé, l´armature conceptuelle de la philosophie hermétique qui sous-tend les «actes» de l´alchimie opérative, c´est avant tout l´intuition grandiose de L´UNITÉ de la matière et de l´esprit si magistralement proclamée dans la célèbre «Table d´émeraude» attribuée à Hermès Trismégiste.
Traduction et commentaire de Jacques Fabry."