En 2002 ont paru dans la même collection, Les Chants de l’Innocence et de l’Expérience, le chef d’oeuvre de Blake, traduit par Alain Suied. Le présent ouvrage est en symétrie avec le précédent : comme les Chants étaient fondés sur l’opposition Innocence/Expérience, le Mariage se fonde sur l’opposition Ciel/Enfer. La conception de ce volume, qui réunit Le Mariage du Ciel et de l’Enfer (1793) et l’Évangile éternel (1818) est une grande première : même en Angleterre ces deux textes qui sont les deux « réécritures » blakiennes de la Torah juive et des Évangiles chrétiens n’ont jamais été jamais été publiés ensemble. Tout le pari de la présente édition est de montrer qu’on ne peut les comprendre que l’un par l’autre. De même que les Chants de l’Innocence et les Chants de l’Expérience ne trouvent leur sens profond que l’un avec l’autre. Blake l’affirme lui-même : il veut écrire une autre Bible - il va jusqu’à évoquer une « Bible de l’Enfer ». Messie négatif, transgresse-t-il la « loi » pour mieux l’affirmer ? De quel « Exil » serait-il la promesse enfin tenue ? Au delà des « influences » et des « sens », qu’est-ce qui motive le poète ? Blake n’est pas, comme le voulut Bataille, un poète du Mal. Il « montre » le Mal, mais c’est pour le fondre dans la Contradiction universelle, pour démontrer qu’il mène à la possibilité du Bien ! Il s’en prend vigoureusement aux « institutions », mais sa Bible noire et son Évangile blanc sont des approches poétiques et mystiques qui dessinent les contours de la même Loi fondamentale : il y a du symbolique et ce champ est la dimension et l’espace du Père. Excellent connaisseur de la Bible et de la Kabbale - jusqu’à apprendre l’hébreu pour les lire dans le texte -, loin de vouloir brûler les Livres, il en rappelle l’évidence poétique. Le feu qui y brille est celui de la révolte intérieure, de l’aspiration à l’Absolu, l’appel sans fin à la transgression suprême et quotidienne.
En 2002 ont paru dans la même collection, Les Chants de l’Innocence et de l’Expérience, le chef d’oeuvre de Blake, traduit par Alain Suied. Le présent ouvrage est en symétrie avec le précédent : comme les Chants étaient fondés sur l’opposition Innocence/Expérience, le Mariage se fonde sur l’opposition Ciel/Enfer. La conception de ce volume, qui réunit Le Mariage du Ciel et de l’Enfer (1793) et l’Évangile éternel (1818) est une grande première : même en Angleterre ces deux textes qui sont les deux « réécritures » blakiennes de la Torah juive et des Évangiles chrétiens n’ont jamais été jamais été publiés ensemble. Tout le pari de la présente édition est de montrer qu’on ne peut les comprendre que l’un par l’autre. De même que les Chants de l’Innocence et les Chants de l’Expérience ne trouvent leur sens profond que l’un avec l’autre. Blake l’affirme lui-même : il veut écrire une autre Bible - il va jusqu’à évoquer une « Bible de l’Enfer ». Messie négatif, transgresse-t-il la « loi » pour mieux l’affirmer ? De quel « Exil » serait-il la promesse enfin tenue ? Au delà des « influences » et des « sens », qu’est-ce qui motive le poète ? Blake n’est pas, comme le voulut Bataille, un poète du Mal. Il « montre » le Mal, mais c’est pour le fondre dans la Contradiction universelle, pour démontrer qu’il mène à la possibilité du Bien ! Il s’en prend vigoureusement aux « institutions », mais sa Bible noire et son Évangile blanc sont des approches poétiques et mystiques qui dessinent les contours de la même Loi fondamentale : il y a du symbolique et ce champ est la dimension et l’espace du Père. Excellent connaisseur de la Bible et de la Kabbale - jusqu’à apprendre l’hébreu pour les lire dans le texte -, loin de vouloir brûler les Livres, il en rappelle l’évidence poétique. Le feu qui y brille est celui de la révolte intérieure, de l’aspiration à l’Absolu, l’appel sans fin à la transgression suprême et quotidienne.