"Tout apparaissait Neuf et Étrange au début, ineffablement rare, et Délicieux, et Beau. J’étais un petit Étranger et à mon Entrée dans le Monde j’étais Salué et Entouré de Joies innombrables. Ma Connaissance était Divine. » Dans la campagne galloise, au milieu du xviie siècle anglais, déchiré par les troubles politiques et religieux, s’élève une voix unique, souveraine, celle de Thomas Traherne. Sa prose rythmée rappelle Silesius par la fulgurance de l’aphorisme, Ruysbrœck par l’assurance de l’affirmation et Eckhart par la profondeur de l’expérience.
Traherne meurt à l’âge de trente-sept ans au terme d’une vie contemplative et solitaire. « C’était, écrit une des rares personnes qui l’ait bien connu, un homme d’un tempérament agréable et enjoué, dépourvu de ces formes d’aigreur ou de raideur, par lesquelles certains hommes prétendument pieux discréditent et dénaturent la vraie Religion davantage qu’ils ne la rendent recommandable. » Il n’a cessé d’écrire, sans rien signer ni rien publier qu’un unique livre, un an avant sa mort.
Ses manuscrits sont recueillis par son frère, puis par une autre famille, pour être enfin dispersés deux siècles plus tard. En 1897, ils sont découverts chez un bouquiniste : d’abord attribués à Vaughan, puis rendus à leur véritable auteur. Les Poetical Works paraissent en 1903 suivis des Poems of Felicity, les Centuries of Meditations attendront 1908 et les Select Meditations 1997. Les découvertes continuent et l’œuvre de Traherne apparaît aujourd’hui comme l’une des plus vastes et singulières de la littérature anglaise du xviie siècle.
En France, un seul volume a été publié, traduit par le philosophe Jean Wahl. Mais le chef-d’œuvre de Traherne restait inaccessible en français, ces Centuries écrites à la fin de sa vie, rayonnantes « d’une lumière, d’une musique, écrit Jean Mambrino, presque issue d’un autre monde, à travers une prose où l’on entend comme un écho de l’innocence divine ». Car Traherne ne cesse d’affirmer et de célébrer la possibilité pour l’homme de vivre dans l’éternité dès ici et maintenant : « Vous ne Goûtez pas le Monde comme il se doit tant que la Mer elle-même ne coule pas dans vos Veines, tant que vous n’êtes pas vêtus des Cieux ni couronnés des étoiles. »
Textes choisis, traduits de l´anglais et présentés par Magali Jullien
Préface de Jean Mambrino.
"Tout apparaissait Neuf et Étrange au début, ineffablement rare, et Délicieux, et Beau. J’étais un petit Étranger et à mon Entrée dans le Monde j’étais Salué et Entouré de Joies innombrables. Ma Connaissance était Divine. » Dans la campagne galloise, au milieu du xviie siècle anglais, déchiré par les troubles politiques et religieux, s’élève une voix unique, souveraine, celle de Thomas Traherne. Sa prose rythmée rappelle Silesius par la fulgurance de l’aphorisme, Ruysbrœck par l’assurance de l’affirmation et Eckhart par la profondeur de l’expérience.
Traherne meurt à l’âge de trente-sept ans au terme d’une vie contemplative et solitaire. « C’était, écrit une des rares personnes qui l’ait bien connu, un homme d’un tempérament agréable et enjoué, dépourvu de ces formes d’aigreur ou de raideur, par lesquelles certains hommes prétendument pieux discréditent et dénaturent la vraie Religion davantage qu’ils ne la rendent recommandable. » Il n’a cessé d’écrire, sans rien signer ni rien publier qu’un unique livre, un an avant sa mort.
Ses manuscrits sont recueillis par son frère, puis par une autre famille, pour être enfin dispersés deux siècles plus tard. En 1897, ils sont découverts chez un bouquiniste : d’abord attribués à Vaughan, puis rendus à leur véritable auteur. Les Poetical Works paraissent en 1903 suivis des Poems of Felicity, les Centuries of Meditations attendront 1908 et les Select Meditations 1997. Les découvertes continuent et l’œuvre de Traherne apparaît aujourd’hui comme l’une des plus vastes et singulières de la littérature anglaise du xviie siècle.
En France, un seul volume a été publié, traduit par le philosophe Jean Wahl. Mais le chef-d’œuvre de Traherne restait inaccessible en français, ces Centuries écrites à la fin de sa vie, rayonnantes « d’une lumière, d’une musique, écrit Jean Mambrino, presque issue d’un autre monde, à travers une prose où l’on entend comme un écho de l’innocence divine ». Car Traherne ne cesse d’affirmer et de célébrer la possibilité pour l’homme de vivre dans l’éternité dès ici et maintenant : « Vous ne Goûtez pas le Monde comme il se doit tant que la Mer elle-même ne coule pas dans vos Veines, tant que vous n’êtes pas vêtus des Cieux ni couronnés des étoiles. »
Textes choisis, traduits de l´anglais et présentés par Magali Jullien
Préface de Jean Mambrino.